Fétichisme des pieds, fétichisme du latex, fétichisme des chaussures, fétichisme de la lingerie… Que savez-vous réellement du fétichisme ? Si beaucoup ont déjà entendu parler du fétichisme… Peu connaissent vraiment l’histoire du fétichisme.
Parfois considéré comme faisant partie de la vague des « nouveaux comportements sexuels », le fétichisme est pratiqué depuis bien longtemps. Vous le savez, je suis une fétichiste passionnée et très curieuse de nature… J’ai donc décidé de vous amener à la découverte du fétichisme. Je vous raconte l’histoire du fétichisme (cela ne reflète bien sûr en rien mes propres opinions !).
Petite définition du fétichisme sexuel
Le concept de fétichisme demeure toujours quelque peu flou pour nombre de personnes. Qu’est-ce que donc le fétichisme sexuel ?
Le fétichisme sexuel est un comportement sexuel se caractérisant par une attirance particulière à connotation sexuelle pour certains objets inanimés. Il se tourne aussi vers des parties du corps, ou des situations particulières. Cette attirance reflète une excitation sexuelle particulièrement puissante créée par un contact avec ces objets. Ce contact peut être visuel ou physique.
Les fétiches les plus courants
Les ‘objets préférés’ des fétichistes sont les parties du corps en général (cheveux, seins, pieds, nez, mains, fesses, etc.), des vêtements (uniformes de policier, d’infirmières, tenues d’écolière, collants, etc.), des matières (cuir, fourrure, latex…).
Un fétiche souvent indispensable dans l’acte
L’odeur corporelle, la couleur des cheveux ou même le poids peuvent également faire l’objet de fétichisme. Le fétichiste ne peut souvent prendre du plaisir qu’à travers son fétiche.
Le fétichisme : aux origines du terme
Aujourd’hui, le fétichisme est essentiellement connu dans l’univers occidental dans sa connotation sexuelle. Cependant, à l’origine le terme fétichisme ne faisait pas référence à la sexualité. Le terme « fétiche » vient en effet du portugais « feitiço », lui-même provenant du latin « facticius » qui signifie « artificiel ».
Histoire du fétichisme : Un mot d’abord utilisé par les colons européens…
Les colons européens utilisaient ce mot pour désigner les pratiques religieuses des peuples et civilisations d’Afrique noire. Les fétiches étaient alors les animaux et objets de culte divinisés par ces peuples. Le terme n’avait aucune connotation sexuelle. Ce n’est que bien plus tard que son sens changera.
Le fétichisme comme comportement sexuel
Ce n’est qu’au 19e siècle que le terme « fétichisme » commence à faire référence à ce que d’aucuns appelaient les « perversions modernes ». Le terme apparait dans sa connotation sexuelle pour la première fois en 1887. Le psychologue français Alfred Binet l’utilisait alors dans son article « Le Fétichisme dans l’amour » paru dans la « Revue philosophique » pour désigner des perversions sexuelles d’ordre pathologique.
Alfred Binet définissait ainsi le fétichisme comme une « excitation génitale intense pendant la contemplation d’objets inanimés ». Selon sa théorie, l’apparition du fétichisme ainsi que l’objet du fétichisme viennent des expériences sexuelles vécues dans l’enfance. Alfred Binet base essentiellement ses travaux et sa théorie sur des remarques de Jean-Martin Charcot et de Valentin Magnan concernant le cas d’un fétichiste dont l’objet fétiche serait les bonnets de nuit.
L’objet fétiche, objet issu de l’enfance ?
Les pulsions fétichistes de ce dernier prendraient leur origine dans une vision de sa mère en bonnet de nuit lorsqu’il n’avait que cinq ans. Le fétichisme ne serait alors que l’expression d’un traumatisme vécu dans l’enfance, associé à un objet inanimé.
Plusieurs études aborderont plus tard la notion de fétichisme. Le très célèbre sexologue allemand Magnus Hirschfeld, connu essentiellement pour ses travaux sur l’homosexualité (qu’il considérait entre autres comme une certaine forme de fétichisme), montrera que nous possédons tous à divers degrés des fétichismes. Ceux-ci sont liés à nos préférences, mais ne peuvent pour autant pas toutes être considérées comme des perversions sexuelles.
Le fétichisme sexuel selon Sigmund Freud, un moment fort de l’histoire du fétichisme 🙄
Si le terme dans sa connotation sexuelle a été utilisé pour la première fois par Alfred Binot, il ne sera rendu populaire qu’une quarantaine d’années plus tard grâce aux travaux de Sigmund Freud. Dans son célèbre ouvrage « Fetichismus », le père de la psychanalyse définit le fétichisme comme étant la recherche du plaisir sexuel au travers d’objets inanimés ou de parties du corps, sans passer par le coït.
Une théorie freudienne entièrement masculine…
À l’instar de Binot, Freud considère le fétichisme comme une perversion, et associe les pulsions fétichistes à une peur de la castration chez l’homme. Cette peur aurait pour origine le traumatisme vécu durant l’enfance par le jeune garçon lorsqu’il se rend compte que les personnes du sexe opposé ne possédaient pas de pénis.
Afin de faire face à ce traumatisme, il effectuerait un déplacement sur un objet inanimé qui constituera désormais pour lui un élément de substitution du pénis manquant chez les personnes du sexe féminin. La théorie freudienne ne concerne toutefois que la gent masculine, Freud excluant ainsi entièrement le fétichisme chez les femmes.
Le fétichisme, une affaire qui intéresse tout le monde
Outre Binet, Hirschfeld et Freud, de nombreux autres sexologues, psychiatres et psychanalystes tels que Gaëtan Gatian de Clérambault, Donald Winnicott, Melanie Klein se sont intéressés aux fétichismes. Les rapports Kinsey auront quant à eux un effet plus marquant puisqu’ils marqueront le début de la libération sexuelle et apporteront un regard nouveau sur des pratiques sexuelles, dont le fétichisme et l’homosexualité longtemps considérés comme des perversions sexuelles.
Le fétichisme sexuel au 21ème siècle
Aujourd’hui, le fétichisme n’est plus considéré comme une perversion, mais comme une paraphilie, c’est-à-dire une pratique sexuelle ne s’inscrivant pas dans le cadre des pratiques sexuelles traditionnelles communément considérées comme normales. Heureusement que l’histoire du fétichisme a évolué !! Il se caractérise dès lors par :
- Le fait de fantasmer sur des objets inhabituels ou n’étant initialement pas destinés à un but érotique durant plus de six mois ;
- L’impact de la pratique sur la vie sociale et professionnelle de l’intéressé.
Le fétichisme est un comportement sexuel normal. Mais il ne faut pas oublier que le fétichisme a longtemps été considéré comme une pratique sexuelle pathologique.
Nous savons désormais que nous sommes presque tous fétichistes à différents degrés. Il existe des centaines de fétichismes différents. La différence ne se situe alors qu’au niveau du type de fétiche et de l’acceptation de celui-ci par la société.